MINES-UE14-miniprojet

Quel impact du développement des énergies renouvelables en Afrique sur les migrations de population

(Encadrant : Alain Thorel)

Avec une croissance de 4,5% en moyenne dans la dernière décennie, l’Afrique est un des espaces qui a le potentiel de développement le plus important pour les décennies à venir, engendrant, entre autres, des besoins infrastructurels et énergétiques importants qui s’accompagneront de besoins en compétences encore plus conséquents. L’Afrique, notamment sub-saharienne, a pour ambition depuis une vingtaine d'années de développer une industrie qui transforme les matières premières, dont elle est riche, en produits manufacturés, car c’est là que se situe la meilleure opportunité de créer des ressources financières. S'il existe une stratégie continentale pour développer les infrastructures (routes, chemins de fer, usines de désalinisation, hôpitaux, écoles, etc.), qui nécessite en soi une main d’œuvre importante, les économies des pays africains doivent également se diversifier à travers l’augmentation de leur part de marché sur le segment des produits manufacturés, pour l'exportation mais aussi à destination d'un marché intérieur à créer, afin d'amorcer les mouvements financiers nécessaires pour asseoir une économie stable et auto-suffisante.

Avec une entrée sur le marché du travail de 7 à 10 millions de jeunes par an, la jeunesse est l'avenir et l'atout du continent. Mais le cinquième de ces jeunes sont au chômage et l’accompagnement vers l’emploi est un défi majeur. Pourtant, la demande en compétences en ingénierie est importante dans de nombreux secteurs d’une industrie en mutation, mais l’offre n’est pas alignée : les besoins de main d’œuvre attestés par différentes industries ne sont pas pourvus, faute de main d’œuvre qualifiée disponible. Les analystes s'accordent à penser que le développement du continent africain passe par l'accroissement significatif du secteur manufacturier, par une utilisation optimisée, raisonnée et rationnelle des ressources du sous-sol tout en en limitant l'exportation, et donc dans un cas comme dans l'autre par l'innovation technologique et la capacité technique et humaine à produire celle-ci. Ce qui revient, in fine, à une problématique d'infrastructures, d'éducation, d'échanges culturels et de mobilité, ainsi que d'attractivité pour maintenir sur place les ressources humaines ainsi formées. C'est dans ce contexte qu'intervient le dérèglement climatique, et les projections montrent que le continent africain va fortement en souffrir : on prévoit en quelques années 250 millions de déplacés climatiques. Cependant, quelques études suggèrent que ces flux migratoires pourraient être divisés par 5 si l'on développait sur place les technologies des énergies renouvelables, si l'on formait les gens et construisait les équipements. Non seulement l'on diminuerait ces flux, qui sinon auraient assurément vocation à impacter le continent européen, mais on lutterait aussi contre le réchauffement, stabiliserait l'économie et donc sécuriserait ces pays.

L'objectif de ce mini-projet est de documenter et d'approfondir le rôle du développement des sources d'énergie renouvelables et technologies associées en Afrique sur les flux de population et la stabilité des pays sub-sahariens dans un contexte de dérèglement climatique. L'Ecole et ParisTech étudient actuellement comment, en ciblant certains pays de cette région, l'on pourrait contribuer à y renforcer le secteur manufacturier et énergétique via l'enseignement et la collaboration avec certaines universités : quelles pourraient être, du point de vue collectif ou individuel de futurs ingénieurs de nos écoles, les propositions concrètes de coopération qui pourraient contribuer efficacement à développer localement ces technologies associées aux énergies renouvelables ?

Contact : alain.thorel\@mines-paristech.fr